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Égoland
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5 novembre 2006

Brest, version "retour aux sources".

Je suis arrivée chez moi, c'est-à-dire : Brest. Ca m'a tout de suite fait un bien fou, de retrouver la mer, le ciel d'ici, l'humidité ambiante. Oui ça fait très émo-girl c'que j'dis mais j'm'en fous, j'assume. Et en même temps ça me fait relativement flipper de me dire que je préfère les lieux aux gens. Mais bon, hein.

Ce qui va suivre n'est qu'un ensemble d'anecdotes et de pensées gravement profondes qui sont venus à moi en ces lieux.
Rien à foutre ? Tant pis.

Je vis dans la mort, massacre de porcs
Je vis dans la guerre, je n’aime pas mon père

Cauchemar de gauthe, encore et toujours.
Cette fois c'était mon père qui gisait mort dans un fauteuil de ma salle, le regard fixe et le corps tout désarticulé dans une position bizarre, et personne ne l'enlevait de là. Tout le monde passait tous à côté de lui d'un air triste, ils l'avaient même vu mourir devant leurs yeux dans un petit hoquet, mais personne avait le courage de le bouger.
C'est donc avec bonheur que j'ai retrouvé cette ambiance de calme glauque qui te réveille à 4h du matin et qui t'empêche de te rendormir alors que tu te répètes non, non, j'ai dormis que 3h je peux pas me lever maintenant (surtout depuis que j'ai une vie saine et équilibrée sans geekage), même si la seule chose dont tu aies envie c'est de t'exploser la tête contre un mur jusqu'à faire disparaître tes pensées morbides et le doute dû à la réalité trop évidente des images dans ton crâne.

Je vis dans l’suicide, le monde est une ruine
Je mange de la viande, le monde est violent

J'ai eu des envies suicidaires, des envies de fuite à l'autre bout du monde, des envies de massacre des représentants de l'humanité m'entourant.
J'ai mangé minimum deux fois moins que d'habitude, même si à la base j'ai déjà aucun appétit.
J'ai surtout eu des fous rires, des rencontres bizarres, des souffles couppés par des courses de malade dans la nuit à trois heures du matin, un manque de temps évident pour tout le superflu de la bouffe et du sommeil.
J'ai vécu, en vrai.

Je vis dans la peur, le noir, les horreurs

La peur perpétuelle des Autres.
Le noir angoissant de mon passé, de mon présent et de mon futur, trois espaces temporels aux contours indistinct et se mélangeant même les uns aux autres.
L'horreur de la répétition morne du quotidien qui étouffe doucement.
Mais tout ça, je l'ai réellement oublié pendant ces dix jours.

Je ne sais pas vivre et je saute dans le vide

Le jeudi soir, j'ai directement fuis ma nouvelle maison aux volets bleus pour aller me dépraver joyeusement parmi la population jeune cool brestoise. Ouais, j'sais pas si c'est partout pareil mais en tout cas à Brest, tous les jeudis soirs, c'est attroupement étudiantesque.
Bon j'rigole, y'a quand même des gens que j'aime bien voir leurs gueules. Donc je me suis intégrée socialement en compagnie de Bastien et Vanessa, on a rencontré un tas de gens chouettos qui nous prêtaient leurs bouteilles en nous dévoilant leur numéro de carte banquaire, et autres hurluberlus nocturnes éthyliquement atteint. C'est marrant comme quoi ce genre de soirée rapproche des gens qui se voient quotidiennement pendant des années sans se parler.
L'alcool est un puissant générateur d'hypocrisie.

Je n’connais pas l’amour car le monde est trop lourd

A un moment de cette même soirée je me suis sentie un peu Mère Thérésa dans l'âme donc j'ai soutenu un pauvre mec inconnu au bataillon loquant par terre dans sa gerbe qui voulait qu'on appelle le Samu, limite s'il agonisait pas sur place. En temps normal je lui aurait juste conseillé de ne plus boire étant donné son manque de résistance apparent mais là, étant moi-même un peu dans un autre monde plein de couleurs et de gens rigolos et de bouteilles vides, je l'ai soutenu dans sa douleur par la force de mon grand dévouement de nonne aimant les êtres faibles.
L'alcool rend catholique.

Je suis mal dans ma peau car le monde n’est pas beau

Bon y'a aussi des soirs où c'était la loose, genre quand j'étais paumée dans mon petit village bretonnant dont le point stratégique autour duquel tourne le monde, c'est l'unique feu tricolore qui y existe. C'était un peu une mégalopole quoi.
Bref, ces soirs-là, on se retrouve à écouter joyeusement Paris Violence en fumant clope sur clope, et en relisant des vieilles notes de blogs morts d'il y a un ou deux ans, et en se disant que tout ça n'a pas fondamentalement changé même si l'apparence diffère un peu. En regrettant même un peu cette époque où nos convictions merdiques étaient si fortes qu'on passait pas sa soirée à envoyer des SMS insignifiants à des gens qui s'emmerdent aussi, puisque les portables - symboles absolus de consommation de masse - étaient bannis de notre existence par fierté, esprit de contradiction, et rébellion à deux balles. (Bon maintenant c'est quand même pas le mien mais celui de mes parents, faut pas déconner non plus hein.)

Je suis mal dans la vie car le monde est tuerie

A part ça, hum.
Ma vie est désespérément vide, vide, vide. Si on essaye d'imaginer le Transparent Pur, j'veux dire, sans rien derrière, j'crois que ça s'approche à peu près de c'que j'voudrais faire comprendre. A qui, à quoi ?
Et le sens de l'humour je l'ai perdu.
J'me souviens qu'en début de lycée j'étais bien plus vivante que maintenant. En fait c'est en 1ère que ça a commencé à merder. J'ai tout renié, toutes mes certitudes inébranlables, j'ai craché dessus jusqu'à en faire une bouillie informe mais malgré tout indélébile, comme la petite tache de défaut sur la feuille neuve de papier blanc. Je me suis isolée des autres, j'ai vraiment plongé tout au fond de la solitude. Quand j'y repense, si y'a bien un truc que j'ai réussi jusqu'au bout, c'est ça. Peu importe que ça soit dans la Joie ou dans l'Angoisse, pourvu que je vive un truc tout au bout.
Bref. Je sais pas pourquoi je dis ça ? C'est inutile un blog. J'ai honte de vous infliger mes reflexions stupides.
Prenez ça comme un bilan existentiel.

Et je pense aux massacres que personne ne condamne
Et je pense à la mort que tout le monde ignore

Folie subliminale dans l'angoisse monotone de l'amertume urbaine.

Je suis bisexuel, le monde est cruel

Le soir de mon arrivée et à une certaine heure de la nuit, je suis aimablement allée draguer une charmante inconnue rouquine tout ce qu'il y a de plus sympathique jusqu'à ce qu'une dizaine d'abrutis de la pire espèce que j'aime bien tout de même sont venus réduire à néant tous mes efforts, soit-disant pour me sauver de la prétendue puanteur que sa coloration capillaire lui confère. Bon je sais bien que les roux sentent tous mauvais, mais bordel, on n'imagine pas à quel point c'est difficile de s'approcher d'une fille quand on fait soi-même partie de la Grande Communauté du Sexe Faible.
Après tout le monde prône la lutte contre l'homophobie parce que c'est dans le mouv', mais qui est littéralement terrorisé par le premier individu qui vient parader nuptialement devant vous s'il a le malheur d'être du même sexe que vous ? S'il était du sexe opposé auriez-vous été si traumatisé ? Mouais.
Enfin bref, tout ça pour dire que cette damoiselle plus ouverte d'esprit que d'autres - ou peut être simplement complètement défoncée par un petit mélange joint-vodka - avait l'air carrément cool mais un gang de crétins des îles sont venus gâcher cette belle histoire d'amour naissante.
Donc au final, je me suis retrouvée en compagnie de dragueurs mâles vomissant à tout-va, quel malheur.

Par le bien et le mal, le monde est brutal
Et j’encule la France, esprit de vengeance

Dans nos rêves ; en réalité on s'encule surtout soi-même, c'est tellement moins difficile.

J’ai des désirs morbides et j’aime les crimes
Dans un fait divers, un type mange sa mère

J'me suis violement engueulée avec ma mère plus d'une fois et telle une ado en crise j'me suis barrée de chez moi pour ermiter sur un rocher (et revenir 4 heures après parce que bon c'est un peu chiant au bout d'un moment). Puis j'ai encore besoin de parasiter ma mère pour vivre, surtout dans un village qui a pour seul commerce un espèce de bar des pêcheurs. Et ce, même si ma génitrice a tellement abusé du JT de 20h qu'elle voit des violeurs psychopathes et des serials killers à tous les coins de rue. [Mais sinon non non, cette femme est très saine d'esprit.]
J'aimerais qu'on arrête de m'assimiler à ma famille de barjes parce que je ne me reconnais absolument pas en eux. On n'a qu'à dire que je suis en quelque sorte une entité physique indépendante.
J'me suis gourrée de famille en fait.
J'aurais dû naître d'une mère punk qui vit plus ou moins dans la rue avec un gang de keupons en élevant ses mioches à la destroy-attitude. Qui m'aurait nourrie à la coke et abreuvée à la vodka. Qui dépenserait son RMI à acheter des CD de groupes morts et enterrés en idéalisant à fond dessus. Qui prônerait l'Anarchie en balançant ses bouteilles de bière contre les pneus des bagnoles de flics. Qui serait conne, mais qui l'assumerait putain.
A la place j'ai écopé d'un exemple à suivre lobotomisé aux ondes télévisuelles qui se cloître dans sa maison par sentiment d'autodéfense contre la vie.
Mais sérieusement j'en peux plus, même si on n'a jamais pu s'encadrer et qu'à 8 ans j'la faisais déjà chialer sans scrupules, ça devient vraiment insoutenable avec le temps. J'peux lui débiter en chaîne des trucs horribles et au final me justifier en lui crachant que si je ne lui jette que des choses dégueulasses à la figure c'est bien parce que le dégoût est le seul sentiment qu'elle m'inspire.
C'est nase de dire des trucs pareils à sa mère non ? Mais faites-le-moi comprendre putain, faites-moi devenir quelque chose de bien parce que les trucs que je lui sors sont tellement crades que ça la déstabilise et qu'elle a rien d'autre à faire que de fermer sa  gueule en pleurnichant. Et même si elle répète à longueur de temps que je suis conne et que j'ai jamais réussi à procurer un semblant de bonheur à mes pauvres parents martyrisés, j'veux pas m'abaisser à devenir aussi destructrice qu'elle bordel. Je veux être au-dessus de ça. Mais elle fait tout pour que je lui crache ma haine à la gueule.
Je suis une gerbe qui se répand, inexorablement.

Et avec lâcheté, je me suis masturbé
Nous sommes égoïstes et bientôt fascistes

J'aime construire des trucs, aller très haut, du plus que je peux, au prix d'efforts et même de sacrifices ; puis me casser la gueule, d'un coup.
C'est la seule façon que j'ai trouvée pour rester en vie. La perte des émotions c'est la mort.
J'aimerais qu'ils cessent de me conseiller d'aller voir un psy et de me répéter constament que je ne suis qu'une loque qui ne va nulle part, simplement car je ne vais pas dans leur chemin à eux.
Je suis folle ? Oui, peut être. Mais eux, ils sont aliénés.

Quand ils auront compris toute la beauté de la haine, quand ils auront vu le noyau vital de la peur à la joie, quand ils sauront l'inhérence de l'amour et de la violence, et la complémentarité du dégoût et de l'humour ; à cet instant, je les aimerai.
Tout ceci est musique, subliminale par sa puissance, et le reste, tout le reste, c'est qu'un immense et méprisable bruit.

[Sauf que moi je tente pas de démolir mentalement les gens qui ne suivent pas mon enseignement.]

Dans ce monde purulent, c’est l’échec permanent.


Bande-Son : Noir Les Horreurs / Bérurier Noir

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Commentaires
L
Non c'est vrai, en fait, tout le monde s'aime secrètement mais personne ose l'avouer.
N
et bien non pas du tout alors la vraiment hein non mais oh l'alcool ne rend pas hypocrite bien au contraire.
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